mardi 18 janvier 2022

« Trois femmes puissantes » : Marie NDiaye

 

« Trois femmes puissantes » : Marie NDiaye

 


« Trois récits, trois femmes qui disent non. Elles s'appellent Norah, Fanta, Khady Demba. Chacune se bat pour préserver sa dignité contre les humiliations que la vie lui inflige avec une obstination méthodique et incompréhensible. »

 

Norah

Norah, avocate, retourne au Sénégal chez son père.

Avec un style assez inimitable, fait de phrases longues, riches et imagées, qu’il faut parfois relire afin de retrouver le sens, l’auteure dresse un portrait implacable de ce mâle dominant qui écrase sous son joug les malheureux qui gravitent autour de lui.

Toujours dans une sorte de non-dit poignant, les relations ambigües entre Norah et son père sont décrites avec minutie et sans épargner au lecteur la tension sourde et malsaine qui règne dans l’antre de ce tyran, aussi peu conscient de ses ravages que de la vie des autres.

Maintes fois il a pris femme, maintes fois il a eu des enfants.

Mais, dans sa grande maison, aussi sombre que vide depuis que le drame est arrivé, le vieil homme semble ne s’apercevoir de rien. Ni de sa déchéance physique, ni de la terreur qu’il inflige à ses deux dernières filles, deux enfants quasi emmurées vivantes dans leur chambre, ni de la violence qu’il inflige à Norah.

Celle-ci, victime de ce père maltraitant, s’est enfermée dans une relation de couple tout aussi toxique, décrivant le diable qu’elle a laissé entrer chez elle.

Un diable séduisant, enjôleur, dévastateur. La revictimisation sans fin de Norah prend une autre dimension quand elle apprend que son frère bien-aimé, enlevé par son père quand il avait tout juste 5 ans, est en prison pour le meurtre de sa belle-mère.

Mais la vérité sera au-delà de ce qu’elle avait pu imaginer…

 

Fanta

Un chapitre se clos et l’auteure nous emmène ensuite dans la vie de Fanta, jeune femme sénégalaise aimée par son mari mais qui lui échappe et s’évapore dans une souffrance qu’il n’arrive pas à appréhender.

Entre mensonges, amour et haine, son quotidien implose presque sans bruit, sans heurts, inconsciente qu'elle est des véritables motifs de son retour en France.

 

Khady

Le dernier chapitre de ces "trois femmes puissantes" est le plus violent, celui qui m’a le plus retournée en tout cas.

On y suit Khady Demba, jeune femme mariée très jeune à un homme gentil mais bien plus âgé, et qui poursuit avec elle un seul but : enfanter. Étrangère au plaisir, elle a intégré depuis son enfance ce rôle qui lui est dévolu.

Mais son mari meurt et sa belle-famille lui fait alors vivre mille tourments. Violée puis prostituée pendant des mois, abandonnée par le seul amour auquel elle croyait encore et en qui elle avait confiance, elle tentera pourtant de s’accrocher, de s’évader, de survivre. En scandant son nom la tête haute face aux épreuves, avec fierté, bravoure, comme pour se rappeler de qui elle était, et surtout pour se prouver qu'elle existe toujours.

 

Je ne saurais dire si j’ai aimé ce livre ou non. Ce qui est certain cependant, c’est qu’il m’aura marquée.