Premier sang, Amélie Nothomb, prix Renaudot 2021
J’ai
acheté le dernier roman d’Amélie Nothomb, conquise que je suis par
cette auteure depuis un an maintenant. Etrangement, je m’étais forgée un
à priori négatif il y a une vingtaine d’années de cela, après avoir lu
et peu aimé « Métaphysique des tubes ».
Par hasard, dans une chambre
d’hôte où j’avais lu plus vite que prévu les livres que j’avais emmenés,
j’ai découvert « Riquet à la houppe » qui, me tendant les bras,
m’appela à réitérer l’expérience Nothombesque. Et boum, me voilà tombée
dans une histoire que j’ai trouvé décalée, rafraichissante, belle et
grave à la fois, avec des personnages aux noms aussi savoureux que leurs
caractères.
Petit
retour donc sur « Premier sang ». Comme toujours, je commence par me
dire qu’elle ne s’est pas trop torturé l’esprit pour la quatrième de
couverture. Je vous laisse juger « Il ne faut pas sous-estimer la rage
de vivre ». 9 mots. On peut dire que c’est du condensé. Pourtant, il
faut reconnaître que cela résume bien le livre.
Comme
toujours, un roman court, un style précis, sans fioritures mais avec
des mots soigneusement choisis, un humour et un recul sur les choses
terribles qui arrivent au personnage, qui mettent à distance les
atrocités commises lors de la prise d’otage qui inaugure le roman.
Son
père (car elle écrit au nom de son père) a alors 28 ans. Amélie Nothomb
n’est pas encore de ce monde et son existence ne tient qu’à un fil. Son
père est en effet face à un peloton d’exécution, mis en joue par des
rebelles armés dirigés par le général Gbenye. Le président Lumumba
assassiné en 1961 est l’objet de nombreuses discussions entre
l’ambassadeur belge qu’est Patrick Nothomb et les rebelles qui le
tiennent captif dans un hôtel ainsi que plusieurs centaines de ses
concitoyens.
Son objectif ? Faire durer ce temps si long qui les
rapproche et les éloigne en même temps de la mort. Il sait en effet que,
quand l’armée Belge tentera une action pour les sauver, les morts
seront légions des deux côtés. Tous le savent. Et tous attendent et
redoutent ce moment.
Qui en réchappera ? Et pourquoi ? Quel est le sens
de ces palabres sans fin auxquelles participe sans relâche Patrick
Nothomb ? Aura-t-il évité des morts ? Rien n’est sûr, rien n’est facile.
Et les contours du bien et du mal se floutent parfois dans les petites
attentions qui émaillent le quotidien des otages.
La
première partie du roman est consacrée aux séjours que Patrick fait au
château des Nothomb, dans les Ardennes. Avec un regard enfantin, Patrick
relate le « darwinisme » qui prévaut à l’éducation des enfants du
château du Pont d’Oye et la dureté de la vie sous le joug de ce
grand-père à la fois despotique et poète.
Et le premier sang alors ? Je vous laisse le découvrir…