Lecteurs du soir, bonsoir !
« Et si la liberté consistait à posséder le temps ? Et si la richesse revenait à disposer de solitude, d’espace et de silence ? »
Ces mots de Sylvain Tesson illustrent parfaitement son essai, qui date de 2011 et qui avait à l’époque remporté le prix Médicis.
En avant donc pour un grand bol d’air, mais aussi une certaine forme de huis clos avec la nature comme décor et tombeau. Car ici, rien n’est idéalisé, Sylvain Tesson est certes poète et penseur, mais il est surtout pragmatique et réaliste quant à la beauté et à la dangerosité de la forêt sibérienne. Alors qu’il ne se sent plus en phase avec sa vie urbaine, il décide de partir s’isoler 6 mois au bord du lac Baïkal. Dans ses valises, des livres, mais aussi, et c’est ce qui le perdra des années plus tard, pas mal d’alcool.
Ce livre est celui du temps retrouvé (et non perdu), temps qui passe avec douceur et constance au travers de la fenêtre, lucarne ouverte sur un monde extérieur à la fois englobant et envahissant. Cette fenêtre tient une place spéciale dans cet essai, je l’y ai sentie comme personnifiée. Dans cette solitude extrême, elle est le lien entre l’auteur et la vie qui, malgré le calme apparent, fourmille au dehors. C’est cette nature, discrète et puissante à la fois, que Sylvain Tesson apprend à regarder, apprivoiser, aimer, tout en faisant une paix toute relative avec lui-même.
Un très beau moment de lecture, qui ouvre des horizons bien différents de ce que l’on vit actuellement.